Résumé Le Provencal du 11 février 1974 |
L'O.M. : du bonus pour SEDAN
Les Marseillais inconstant et inconsistants
Les commentaires |
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SEDAN - Encore plus bas, toujours plus bas ! Contre une équipe sedanaise qui a pris son premier bonus de la saison, l'O.M. vient de dégringoler d'un échelon de plus dans la hiérarchie du football français. Raté un match n'est rien, cela arrive à tout le monde, mais jouer sans fil conducteur, dans le désordre le plus absolu n'est pas encourageant pour l'avenir. Autour de nous, tous les observateurs neutres, certains venus de Paris, étaient franchement désolés. Pour l'O.M. et pour le football français dont l'équipe marseillaise était, il n'y a pas si longtemps, le meilleur représentant. En fait, ce match ne valut que par l'extraordinaire performance d'Osim. Qu'un pareil joueur mette son immense talent au service d'une équipe qui, sans lui, vaudrait déjà la deuxième division, est extrêmement méritoire. Lui seul nous a permis, hier, de ne pas regretter notre lointain déplacement dans les Ardennes. Après Monzon, Osim c'est toujours la classe, même si cela n'arrange pas les affaires olympiennes. Mais peut-on se montrer vraiment sévère pour des joueurs dont les dirigeants ont donné l'exemple de l'inconstance et de l'inconsistance. Quand la tête malade, il est rare que le corps se porte bien. UN BON DÉBUT DE L'O.M. Entre une équipe totalement démobilisée, celle le Sedan, et une autre venant de connaître une série d'épreuves sur lesquelles il semble inutile de revenir, on se demandait ce qui allait se passer. Pour qui jouerait le choc ou le contre choc psychologique ? Les quinze premières minutes furent pour nous une agréable surprise. Devant une équipe sedanaise figée autant que maladroite, O.M. se promenait littéralement sur le terrain. Malheureusement pour elle l'équipe olympienne jouait trop latéralement et elle était trop souvent réduite en attaque aux seuls Skoblar et Couecou. Ainsi, elle ne tira aucun profit de ce net avantage initial. SEDAN ATTAQUE ET MARQUE Mais, passer ce premier quart d'heure, Sedan fit complètement surface. Osim, comme aux plus beaux jours de l'équipe nationale yougoslave de 1968, commença un merveilleux festival de dribbles, passes et tirs. Le reste de l'équipe, à l'image de son chef d'orchestre et de cet excellent petit technicien qu'est Dahleb, suivi le mouvement. |
En face, l'O.M. se mettait à déjouer comme il est difficile de le faire, même en s'y appliquant et rapidement deux buts vinrent s'inscrire au tableau d'affichage. Pendant un long moment on put croire à une nouvelle catastrophe, car il avait plus qu'une équipe sur le terrain. Mais en fin de mi-temps un centre à effet de Leclercq venu de la droite permit à Skoblar de marquer d'une reprise de la tête. Deux de ses trois buts, celui de Dalheb marqué presque directement sur corner, et celui de Skoblar ont paru entachés d'irrégularités. Mais enfin la différence était la même et l'on peut dire que l'O.M. revenait de très loin. LE BUT DU K.O. La deuxième mi-temps ressembla étrangement à la première. Pendant un quart d'heure l'O.M. fit une nouvelle fois illusion. On se prit alors à espérer un problématique match nul. Mais, passée cette période heureuse, le jeu redevint franchement sedanais et l'O.M. ressombra dans la médiocrité. Un but, celui-là merveilleux, une passe au quart de millimètre d'Osim et un tir violent de Dalheb sous un angle très ferme, fut pour l'O.M. celui du k.o. La suite et fin de cette rencontre ne mérite pas de commentaires. UN TROU DE PLUS DANS LE BUDGET Cette nouvelle défaite est grave pour l'O.M. financièrement et sportivement. Sur le côté sportif il semble inutile de préciser pourquoi, les points qui ne sont pas pris reste à prendre. Mais financièrement la recette de leur rencontre dimanche prochain contre Troyes se trouve déjà largement hypothéquée. Il est temps que l'O.M. sorte de sa crise. Il nous paraît dangereux d'attendre jusqu'au mois d'avril la mise en place d'un nouveau comité directeur. Maurice FABREGUETTES |
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Ils disent |
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M. Maurice GENOYER : "Il faut agir au plus vite" SEDAN - De nouveau, un silence pesant dans les vestiaires de l'O.M. Fernando Riera n'avait guère le coeur de répondre aux questions. Les joueurs, de leur côté, n'étaient pas enclins non plus à faire des confidences. Seul Mario Zatelli essayait d'expliquer que l'équipe avait bien débuté : "Après notre premier quart d'heure, je croyais bien que l'O.M. tenait le bon bout. Hélas, l'impression n'était pas la bonne". Qu'ajouter d'autre ? Pas grand-chose. Sinon que cette formation olympienne a besoin d'une sérieuse bouffée de qui gêne avant le terme de la saison, car désormais la situation devient de plus en plus critique. Nous avons bien entendu interroger M. Maurice Genoyer après la fin de la rencontre : "Dans ma position, dit-il, il est bien difficile de se prononcer. D'ailleurs, je n'étais pas venu à Sedan pour juger des footballeurs. J'ai déjà signalé que je n'étais pas un homme de football, alors avant tout, je dois m'initier à ce sport. J'avais fait le déplacement pour me rendre compte des divers problèmes que pouvait avoir cette équipe. Si vous voulez, j'ai tenu à établir un contact et essayer de sentir un peu mieux le malaise. Je crois que cela était nécessaire avant d'appliquer les remèdes. - Alors, que pensez-vous de cet O.M. ? - Il est maintenant certain que la mécanique est grippée. Je pense qu'il sera inutile de réparer par petites touches. Il faut tout démonter ! Non pas seulement au niveau de l'équipe, mais aussi du club tout entier. "Je vous disais avant la rencontre que je m'attachais à établir de nouvelles structures. Cette défaite vient à point pour me signaler que je dois maintenant agir sans tarder et plus rapidement que je ne l'avais prévu. Je me suis notamment rendu compte que les joueurs n'avaient plus le moral et je le comprends très bien après toutes les péripéties qu'ils ont connues ces derniers temps. |
"J'ai remarqué aussi que l'ensemble était dépourvu de mordant et je suis en train de me demander si tous ces footballeurs ne font pas maintenant un complexe en rentrant sur le terrain. Durant la semaine qui vient, je vais m'efforcer de rencontrer tous les joueurs un à un. Je veux leur parler en tête-à-tête. J'espère qu'ils sauront se confirme moi. Sur le plan technique, je vous le rappelle, je n'ai aucune intention de donner des conseils à Fernando Riera, ce n'est pas mon rôle. Il n'en reste pas moins qu'aujourd'hui j'ai eu le sentiment qu'ils ne s'agissaient plus d'envoyer des médications au petit bonheur la chance. Pour moi il faut désormais une grande opération. C'est à ces préparatifs que je vais m'atteler dès à présent. Le but immédiat et que l'O.M. garde sa place en Première Division. Ensuite, nous pourrons préparer avec plus de sérénité la prochaine saison". LES SEDANAIS : "L'O.M. MECONNAISSABLE" Dans le camp sedanais, vous imaginez que cette victoire a amené un bonheur légitime pour tous les joueurs qui ont connu aussi pas mal de petits malheurs depuis le début de la saison. Entraîneur Dugauguez n'était pas le dernier à féliciter son équipe, englobant tous ses hommes dans les mêmes éloges : "Je pense, nous a-t-il confié, que Sedan a largement mérité son succès, ce qui nous rachète du match "aller" à Marseille où nous avions subi une lourde défaite. Je suis content pour tous mes gars qui viennent de signer leur premier bonus du championnat". Perrin, le douzième homme, nous fit une remarque, hélas, justifiée : "On ne reconnaît plus cette équipe marseillaise si brillante il y a à peine un peu plus de deux saisons. Sur le terrain on a bien senti que les joueurs avaient accusé le contrecoup de la crise. C'est vraiment la fin d'une grande équipe". Jean FERRARA |
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Le fait du match |
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Quand le moral n'y est plus SEDAN - Il est bien évident que cette défaite à Sedan ne va pas faciliter la tâche de M. Genoyer, maintenant obligé, comme il nous le signale par ailleurs, d'opérer le plus rapidement possible. Mais ce qui nous a surtout frappé au cours de ce match c'est cette impression de lassitude qui semble donner à l'équipe tout entière de véritables sabots de plomb. Marqués, par le désastre de Sète, tourmentés par la récente crise, les joueurs ne parviennent pas à réagir. La foi, c'est certain, ne les habite plus. Le moral est à marée basse et c'est cela qui est le plus inquiétant. L'O.M. avait bien essayé de tenter quelque chose ; pendant le premier quart d'heure, nous eûmes même le sentiment que les Marseillais allaient réaliser un bon résultat, mais dès que Sedan, follement encouragé, se mit à son tour à prendre l'initiative sous l'impulsion de son extraordinaire chef d'orchestre Osim, l'O.M. disparut complètement des débats. Les Olympiens, bien loin de continuer à imposer leur jeu, se mirent à subir celui de l'adversaire. Vous connaissez la suite... On est d'autant plus inquiet après ce nouveau revers, que Sedan, vous ne l'ignorez pas, est loin d'être un foudre de guerre. Il reste des rivaux d'une toute autre envergure à affronter tant à Marseille qu'en déplacement. Le moins qu'on puisse souhaiter, en l'état actuel des choses, et la meilleure réussite à M. Genoyer. J.F. |
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Le match en bref |
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UN QUART D'HEURE D'ILLUSION Eh oui ! l'O.M. aura fait illusion pendant un seul petit quart d'heure, celui de la première mi-temps. SEDAN - L'équipe avait semblé prendre le match en main quand soudain, Osim sonna le rappel des Sedanais. C'est d'ailleurs sur un centre de Caron que le grand attaquant yougoslave trouva le premier la faille. Sa reprise de la tête ne laissa aucune chance à Carnus (25e). Jusque-là, ce n'était pas trop grave, mais cinq minutes plus tard, sur corner tirer par Dahleb, Carnus était gêné dans sa sortie et c'était une cette fois un deuxième but beaucoup plus percutant (30e). Avant la mi-temps, un sens de Leclercq était victorieusement repris de la tête par Skoblar (40e). On crut alors que l'O.M. venait d'obtenir une chance de renverser la situation. C'est encore Osim qui fit tout basculer en adressant sur la gauche une passe remarquable de son ailier Dalheb. Ce dernier résista au retour de Lopez avant de tirer en force (73e). La balle passa sous la transversale malgré une parade désespérée de Carnus. La défaite olympienne était consommée. Les Sedanais, eux, devaient obtenir leur premier bonus. J.F. |
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Les réponses aux questions que vous vous posez |
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R. : Il semble bien que cette fois Skoblar ait été victime de sa réputation et d'une décision abusive de l'arbitre. Ce dernier a d'abord déclaré : "J'ai averti Josip pour qu'il ne se batte pas avec un adversaire" : précision que cet adversaire était le Sedanais Le Bihan, qui avait d'abord commis une faute sur Skoblar en le poussant des 2 mains dans le dos. En fin de rencontre, nous sommes allés voir l'arbitre avec M. Poujenc, et l'arbitre nous a déclaré : "Voilà ce qui va figurer sur la feuille de match : avertissement Skoblar pour conduite inconvenante envers un adversaire". Quand il a appris cette mauvaise nouvelle dans les vestiaires de l'O.M., Skoblar entra en fureur, car nous avons bien l'impression cette fois qui n'était pas coupable. Il n'en reste pas moins qu'il va écoper d'une nouvelle suspension et qu'il ne pourra jouer dimanche à Marseille à l'occasion du match important contre Troyes.
A. : À ce moment-là, l'O.M. était mené par deux buts à un et il fallait bien tenter quelque chose. |
Victor Zvunka paraissait fort mal à l'aise à sa place et il était logique de le remplacer par un attaquant en faisant glisser Le Bodec au poste d'arrière gauche. Ce changement n'eut aucune influence sur le cours du jeu, mais on peut estimer que les débuts de Mahieu dans des conditions pourtant catastrophiques (celle d'une équipe menée à la marque et jouant fort mal), ont été encourageants.
R. : Keruzore, sans atteindre les sommets de sa forme, ni sans rappeler complètement le brillant joueur qu'il fut au Stade Rennais, a cependant gagné la partie. Nous pensons qu'il sera conservé dimanche prochain. Pendant les quelques bonnes périodes de l'O.M. au début des deux mi-temps, il fut un des joueurs les plus constructifs et les plus offensifs. Son grand retour en forme sera une bénédiction pour cette équipe qui, surtout quand Leclercq n'est pas dans un bon jour, manque essentiellement de tacticien. Ah ! si seulement l'O.M. avait un Osim dans ses rangs, l'équipe en serait certainement transformée. M.F. |