Résumé Le Provencal du 19 avril 1970 |
L'O.M. assomme STRASBOURG en 4 minutes (3-2) Deux buts de JOSEPH, un de LOUBET (De notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES) |
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STRASBOURG - Plus de 25.000 personnes, ce soir, à La Meinau par un temps presque estival. C'est l'archi-plein, c'est le gros succès ! L'équipe de l'O.M. va se présenter dans la formation annoncée, sous le capitanat de Bonnel et dirigée du terrain par l'entraîneur adjoint, arrière gauche, Destrumelles. Mario Zatelli est quelque part en Europe (en Suisse exactement) et M. Leclerc à Valenciennes ou joue Paris - Neuilly. Aucun changement aussi à Strasbourg tandis qu'une compagnie de Majorettes fait le tour du terrain, musique en tête. 2me MINUTE : DÉJÀ SKOBLAR Dès le coup d'envoi, on s'aperçoit que Boucher va être chargé de surveiller Magnusson, et Lopez, Joseph. La première très chaude alerte va être à l'avantage de l'O.M. Coup franc direct pour charge sur Loubet. Skoblar le tire avec son habituelle maîtrise. Schut ne peut que repousser le ballon. Joseph recentre et Schut, à nouveau, doit plonger dans les pieds de Loubet pour sauver son but (2me minute). La reprise de Strasbourg est immédiate et fulgurante : un véritable boulet de Kaniber qui passe au ras de la transversale. C'est bien parti, surtout pour l'O.M., qui paraît à l'aise et très offensive, témoin une montée d'Hodoul qui se termine par un corner. 15me MINUTE UN BUT REFUSÉ À L'O.M. ET LES INCIDENTS. Vers la 14me minute de jeu de massacre. Kaniber et Molitor se font soigner sur la touche, ce qui fait que l'O.M. joua à onze contre neuf pendant un court moment. Pendant cette période, sur centre de Skoblar, Joseph reprend du pied gauche, ; Schut, après s'y être repris à deux fois, arrête le ballon nettement derrière la ligne. L'arbitre de touche estime que le but est acquis, mais l'arbitre central M. Peauger, le refuse : sans doute la politique de compensation ! Ces deux incidents n'ont rien arrangé et l'on assiste à un début de bagarre devant la tribune centrale. Bonnel et Schut écopent d'un avertissement chacun. Entre-temps Kaniber, d'abord, Molitor ensuite sont rentrés. Disons que l'arbitre s'est laissé nettement débordé par l'ardeur des joueurs. UN EXPLOIT D'ESCALE Ce coup de folie passée, le jeu reprend avec la même intensité. Un tir de Loubet (20me minute) au ras du poteau, avec, comme pendant, un tir de Leclerc, qu'Escale arrête en catastrophe. On note ensuite un bon tir de Burkle, bien contrôlé par Escale (28me minute). À ce moment l'O.M. a serré sa garde et joue la contre-attaque tandis que Strasbourg essaie de forcer la décision sans aucun résultat. Mieux même, sur une irrésistible percée de Skoblar et Magnusson, sur la droite, le centre du Suédois ne rate la tête de Joseph que sur un cheveu. Mais il faut bien le dire, la fin de cette mi-temps ne tient pas les belles promesses du début. |
Peu avant la pause, Escale sauve son but en plongeant dans les pieds de Molitor tandis que deux centres de Magnusson mettent Schut en péril. MERSCHEL REMPLACE DESTRUMELLE A la reprise, Merschel remplace numériquement Destrumelle, ce qui entraîne le passage de Novi au poste d'arrière gauche. Et ça continue comme tout à l'heure ! Strasbourg fait le siège du but de l'O.M., ce dernier ne laissant que Joseph et Skoblar aux avant-postes. Mais Strasbourg n'obtient que des corners, tandis que sur une seule contre-attaque, Joseph déborde Bruckler, dribble Schut, mais emporté par son élan, ne peut redresser sa course. Deuxième occasion pour l'O.M. : à la 59e minute, une passe imprudent de Gravat à son gardien met Skoblar en position de tir ; Schut doit plonger pour concéder un corner. Un peu plus tard, le même Gravat va récidiver au bénéfice de Joseph cette fois. TROIS BUTS : JOSEPH, LOUBET, JOSEPH EN QUATRE MINUTES. Passer le premier quart d'heure, l'O.M. refait surface et enfin sur une ouverture lumineuse de Magnusson, Joseph tire dans sa foulée gauche et marque à la 61e minute. O.M. 1 - Strasbourg 0. On remarquera que cette offensive a été exécutée et réussite par deux joueurs seulement. Ce n'est qu'un petit commencement : deux minutes plus tard sur un centre en retrait de Novi, Loubet surgit on ne sait d'où, à son habitude, reprend le ballon en pleine foulée et marque d'un tir splendide de quinze mètres. O.M. 2 - Strasbourg 0. Deux minutes plus tard exactement, Magnusson déborde sur la droite, en dribbles bien entendu, et centre en retrait : Joseph contrôle, tire et marque. O.M. 3 - Strasbourg 0. Là-dessus Molitor est remplacé par Lazarius. DEUX BUT DE PIAT EN DEUX MINUTES Il semble évident que la partie soit terminée dès ce moment. Cependant c'est miracle si Joseph ne marque pas un autre but et, à la 87e minute, l'arbitre accorde un penalty à Strasbourg pour charge de Lopez sur Piat. Piat, le spécialiste, se fait justice lui-même. O.M. 3 - Strasbourg 1. Il est dit que ce soir tout va se passer en série. Une minute plus tard, sur corner pour Strasbourg, Piat reçoit le ballon, fait un demi-tour, et tire, trompant Escale. O.M. 3 - Strasbourg 2. Il est heureux que la partie se termine à ce moment-là ! |
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En football, l'important est de marquer |
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STRASBOURG (C.P.) - Un spectateur venait de nous dire : "Votre O.M. m'a vraiment déçu. Pas un vrai tir dans l'encadrement. Il est heureux, pour nos visiteurs, que les Strasbourgeois soient aussi maladroits". C'était alors à la 70me minute : il avait du 0 à 0 dans l'air. C'est alors qu'en quatre minutes, pas une de plus, l'O.M. allait frapper trois fois et assommer littéralement son adversaire. Un K.O. magistral réussi au 10e round par un boxeur mené aux points. Ces quatre minutes ont constitué finalement l'essentiel d'une rencontre qui avait brillamment débuté avant de sombrer dans une quand certaine confusion. Mais en football essentiel est de marquer des buts. Les Strasbourgeois qui jusqu'à cette 70me minute avaient dominé de manière trop impulsive et pourtant maladroite, devraient s'en persuader. UNE ÉTONNANTE FIN Mais il était dit que nous n'avions pas vu. Tout à fait en fin de rencontre Piat, en une minute, allait refaire la plus importante partie du retard de Strasbourg. Si ces deux actions de l'ailier gauche strasbourgeois s'étaient situées dix minutes plus tôt, nous aurions assisté à une fin de rencontre extraordinaire ; mais trop tard, c'était toujours trop tard ! L'O.M. A MÉRITE SA VICTOIRE La victoire de l'O.M. aura été finalement celle d'une plus grande maturité, d'une plus grande expérience des rencontres importantes, et de plus grand calme. À partir du moment où ils constatèrent que les Strasbourgeois avaient l'intention de gagner coûte que coûte, les Olympiens se groupèrent en défense, ne laissant que deux joueurs à l'attaque. Cette tactique simpliste allait leur permettre de l'emporter, grâce à l'imprudence des défenseurs strasbourgeois et aussi, grâce à la classe bien connue des attaquants marseillais. |
On ne laisse pas impunément des joueurs comme Joseph, Skoblar et Magnusson libre de toute surveillance. MAGNUSSON ET JOSEPH : LES PLUS BEAUX TIRS On remarquera qu'à l'origine de cette victoire de l'O.M. se trouvent essentiellement Joseph et Magnusson. Deux buts : deux passes admirables de Magnusson et deux tirs remarquables de Joseph, le troisième but obtenu par Loubet étant du supplément ! Mais si l'O.M. a pu l'emporter par 3 à 2, il ne faut pas oublier la part importante prise par la défense qui jusqu'à fin de match, alors que la victoire était acquise, tint bon devant une attaque en force de Strasbourg. Il est toujours difficile, dans un groupe de défenseurs, de distinguer les meilleurs joueurs mais il nous a bien semblé que Zwunka faisait un peu plus que son travail ! Skoblar a eu un rôle effacé : il ne paraissait pas en grande forme. Loubet a été également égal à sa réputation : on l'oublie jusqu'au moment ou il marque un but ! DÉCEVANTE ÉQUIPE DE STRASBOURG L'équipe de Strasbourg s'est montrée courageuse, animée de beaucoup de bonne volonté, mais extrêmement maladroite et confuse dans son jeu. Son meilleur joueur fut Piat, tandis que les jeunes Molitor et Huc n'ont pas complètement justifié leur réputation naissante. Avec Piat on citera encore l'arrière Boucher, qui livra à Magnusson un duel épique. M.F. |
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Destrumelle : "Quand Mario n'est pas là" |
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STRASBOURG - Destrumelle a suivi la deuxième mi-temps du banc de la touche en qualité d'entraîneur adjoint. La partie terminée, il nous a dit en souriant : "Nous avions constaté que nous ne perdions jamais une rencontre quand Mario Zatelli pour des raisons professionnelles, ne nous accompagnait pas. Mais il ne faut rien exagérer. Ce soir mon rôle a été essentiellement figuratif. Je crois que mes camarades ont gagné cette rencontre, car ils ont gardé leur sang-froid et ont joué avec plus de maîtrise que Strasbourg. Tous ces matches amicaux que nous venons de jouer en Europe et en Afrique ont considérablement mûri notre équipe". JOSEPH : MON PREMIER BUT Y ETAIT Joseph était à la fois content et déçu. Il vient de marquer deux magnifiques buts de plus, mais il estime en avoir marqué un treizième. |
"En début de match, quand j'ai tiré sur un centre de Skoblar, je puis vous affirmer, car j'étais de mieux placé, que Schutt avait contrôlé le ballon nettement derrière la ligne de but. Enfin n'insistons pas trop. Deux buts et une victoire c'est magnifique !" BONNEL : FÉLICITATIONS À TOUS Pour ses débuts de capitaine en l'absence de Djorkaeff, Bonnel a parfaitement réussi. "Durant toute la rencontre j'ai encouragé mes camarades, en défense, car je me rendais compte que si nous réussissions à tenir, nous finirons aussi par marquer. C'est exactement ce qui s'est produit. À quelques minutes de la fin alors que nous menions par 3 à 0, qui s'est produit peut-être un relâchement bien excusable". |